L’invitation arriva par courrier glissé sous sa porte, à la manière liménienne. Ma tante Valentine d’Ouro Preto me conviait au lancement du livre A paixão de Tiradentes, celui qu’elle avait écrit avec son étudiant Enrique. C’était un joli document avec le titre du roman entre une photo de Paris et une autre d’Ouro Preto. Le lancement aurait lieu à la librairie de la ville brésilienne que j’avais fréquentée lors de mon précédent séjour. Dans deux semaines un samedi matin. J’aurais bien voulu y être, pas tellement pour l’événement, plutôt pour la ville. Mais c’était trop loin, trop cher et je manquais de temps. J’écrirais un message de sympathie à ma tante. L’idée d’un voyage à Ouro Preto ne me quitta pas de la semaine, dont je passai une grande partie à la surveillance des examens de fin d’année à la PUC. La date du 15 décembre n’était-elle pas finalement propice à un changement d’emploi du temps ?
On entrait dans la période des fêtes puis des vacances d’été. Les cours à l’université ne reprendraient qu’en février. J’avais un billet d’avion pour la France, avec l’intention de passer Noël avec ma mère et ma soeur, mais ce n’était que le 23. Je disposais d’une semaine pour une éventuelle escapade à Ouro Preto. Le voyage n’était pas si long et pas non plus très cher, bien que la période fît craindre le contraire. Cinq heures de vol jusqu’à São Paulo puis une heure jusqu’à Belo Horizonte. Le tout pour 400 dollars aller-retour. Je pouvais me le permettre. Mon salaire à l’université n’était pas mirobolant mais hormis le budget voyage et désormais un bel appartement, je vivais chichement et aimais cela. J’appelai Valentine qui parut très contente de ma venue. Elle irait me chercher à Belo Horizonte et je serais bien sûr hébergé chez elle.
Marc Boisson, Il est mort Jim, Ezema, 1ère édition, p. 37