Le piano, Manuscrit p. 55
Une lettre arriva par une belle matinée de premières gelées. Il la suivit des yeux depuis son bureau, glissant de la main du facteur dans l’embrasure de la boîte aux lettres. D’emblée, elle ne lui sembla pas pareille à celles qu’il voyait souvent passer depuis le poste d’observation naturel qu’était sa table de travail. Elle paraissait dotée d’une vie propre, portée par une main qu’elle rendait insignifiante. Simon paria que ce n’était pas un habituel et anonyme courrier administratif. Son adresse écrite à la main avait une écriture féminine. L’expéditrice apparaissait au dos de la lettre, comme cela ne se faisait plus. Il était loin d’imaginer qu’elle avait trait à ses concerts qu’il n’avait pas encore complètement intégrés comme une part de lui-même. Que lui voulait cette femme, dont le prénom laissait penser qu’elle était plus proche d’une utilisation réfléchie que contrainte du vieux courrier papier ?