Blog de l’auteur

L’ART DE L’AUTOPORTRAIT

juillet 2015 | Actualité

 

Une nouvelle canne a fait son apparition. Une épidémie de cécité oblige de plus en plus de personnes à l’utiliser. Elle ne touche pas le sol mais se brandit en l’air et avec elle le smartphone qui y est accroché.
Alléluia, un bras télescopique étanche vient d’être inventé ! Il est désormais possible de se baigner avec son téléphone. J’ai vu, il y a peu, un couple se séparer au bord de l’eau pour mieux se retrouver. Elle est restée sur le sable. Lui est entré dans la mer. Il va sans dire qu’ils avaient chacun leur smartphone. Au même moment, ils ont commencé à s’adresser à leurs bras télescopiques. J’ai mis un certain temps à comprendre qu’ils étaient en train… de se parler.

La visite des expositions devient de plus en plus risquée. On gêne  les photographes amateurs qui ne comprennent pas qu’on s’interpose entre leurs appareils et les œuvres. Dans l’une d’elles, il n’y a pas bien longtemps, un funeste encadré indiquait que les photos étaient autorisées. Ce n’est pas tombé dans les yeux d’aveugles. Un grand nombre de visiteurs ont chaussé leur prothèse et commencé à mitrailler les tableaux. Je ne suis pas sûr qu’ils les aient vus autrement que dans leurs viseurs. De temps en temps, l’un d’entre eux posait à côté d’une toile. Cela devait donner des juxtapositions intéressantes.
Je n’aimerais pas être associé à certaines représentations mais ce qui me retiendrait serait une certitude, celle qu’aucun artiste ne trouverait son bonheur à ce que je pose à côté de son œuvre. Ni moi ni personne d’autre, d’ailleurs.