Dans la très grande ville où j’habite, des arbres m’accueillent au détour d’une piste de course. Un arbre en particulier. Rien en lui n’est attirant. Ses feuilles éparses et sa hauteur témoignent de sa lutte déjà ancienne pour une survie qui n’est pas assurée dans le monde que nous avons fait. Malgré nos voitures, nos cheminées industrielles, il est toujours là.
Je me suis assis une première fois contre son tronc et j’ai découvert qu’il avait un secret. Lorsqu’on prend la peine de s’appuyer sur lui, devant nous apparaît un couloir de verdure soigneusement agencé. Au loin, au centre exact du regard où il nous conduit, il y a un autre arbre, parfaitement placé au milieu de deux branchages. L’alignement est idéal pour la méditation.
Cette vision est pour moi la matérialisation d’un équilibre nécessaire à une joie fondamentale. J’associe l’alignement à la vision. Je le « vois » comme une image qui, floue, acquiert petit à petit sa netteté. Sans doute sommes-nous nombreux à ressentir la même chose ?
Quand nous sommes alignés, nous le savons aussitôt. Alors tout devient simple et juste. Quand nous sommes dans le flou, quand « les branchages » qui nous font face sont chaotiques, la lourdeur s’installe, et avec elle l’impression d’être littéralement à côté des choses.
Photo : ©Marc Boisson 2018