Cher Pérou

Cela m’amusait qu’Eduardo Pastor habite dans une rue au nom militaire. Ce fut d’ailleurs la première chose que je lui dis. Je savais que je devais faire attention avec l’humour républicain français et que les Sud-Américains goutaient peu l’ironie à l’endroit de l’armée ou du clergé. Mais il ne fallait pas non plus aller complètement contre sa nature. Je demandai donc à Eduardo, en guise de salut, s’il avait acheté sa maison en fonction du nom de la rue. Il ne releva pas ou plutôt ne comprit pas l’association avec son ancien métier. Il était tout occupé à sa jovialité hospitalière et à présenter son cher Pérou.

Marc Boisson, Il est mort Jim, Ezema, 2e édition, p. 37

Il est mort Jim – extrait

Il est mort Jim

A Lima, je devins professeur d’histoire. On me disait assez populaire auprès des étudiants et quelque peu atypique pour les canons de la Pontífica Universidad del Perú, la PUC. J’avais choisi, auparavant, pour mon doctorat, de travailler sur le Sentier Lumineux. On était à la fin des années 1980 et c’était un fait d’actualité. Le mouvement maoïste, dirigé par l’énigmatique professeur Abimael Guzmán, le camarade Gonzalo, ensanglantait le Pérou. Les habitants de Lima vivaient au rythme des annonces d’attentats et des nouvelles de massacres dans les zones reculées du pays. La ville interdisait la circulation dès une heure du matin et jusqu’à l’aube. Invariablement, le couvre-feu amenait les patrouilles militaires. Au détour d’une rue, au milieu des places, les piétons attardés tombaient nez à nez avec des tanks et des militaires peu engageants, menaçants avant l’heure et dangereux ensuite.

Il est mort Jim – extrait

Il est mort Jim

Plus je vieillissais, plus j’aimais me promener sur le bord de mer. J’allais régulièrement sur le Malecón Císneros, à Miraflores, où, du haut des falaises, on embrasse l’océan Pacifique. Il faut dire que j’avais, au fil des années, et après un divorce, réussi à acheter un appartement dans le quartier de Miraflores, avenue Pardo, à deux cuadras du malecón et face à l’ambassade du Brésil, pays qui a sa place dans cette histoire.
Un vendredi après-midi de la fin du printemps, j’avais quitté l’université vers midi et étais directement parti me promener. J’avais acheté une empanada dans une boulangerie dont je me contenterais avec une bière cuzqueña. Je dînai frugalement sur un banc du parc du Phare. Ce n’était pas l’habitude des Liméniens mais je réintégrai vite le mode de vie local lorsque j’achetai une glace de lúcuma au vendeur ambulant marchant à côté de son triporteur jaune.

Mario Vargas Llosa à l’Académie française

Quelle bonne nouvelle pour la France et pour le Pérou. ¡Qué buena noticia para Francia y para el Perú!

 

Mayta

     

 

 

L’intégrale

L’intégrale de la conférence en ligne
« Marc Boisson, un écrivain français au Brésil » 28 novembre 2020

Une invitation de l’Association des professeurs de français du Minas Gerais et de l’Alliance française de Belo Horizonte.

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« Un écrivain ne choisit pas ses thèmes, ce sont les thèmes qui le choisissent »

Mario Vargas Llosa

« En 2012, à 58 ans, vingt-cinq ans après mon doctorat, je commençai une dernière recherche, que je dédiais… à la mort. »
Il est mort Jim P. 13

Pérou, Brésil, Mexique, France

Dans le roman Il est mort Jim, le lecteur est invité à rejoindre le Pérou. Il parcourt avec Jim Rosso la ville de Lima, ses falaises sous lesquelles gronde l’océan, ses parcs et ses rues coloniales. Il s’envole d’une poussée de réacteurs au-dessus des Andes pour rejoindre le Brésil et le temps arrêté du Minas Gerais, puis la France, où Jim accomplit le dernier chemin avant celui de sa nouvelle vie en direction de Compostelle.

Dans Ça n’intéresse personne, le narrateur rencontre le Père Brune au Mexique, un pays dont la magnificence baroque inspire ses réflexions sur de mystérieuses révélations, avant de conclure son parcours dans un petit appartement parisien, où l’après-midi accompagne son vis-à-vis vers la fin de sa mission.

Les narrateurs

Jim Rosso, le narrateur de Il est mort Jim découvre un monde qu’il ne soupçonnait pas. Il est vrai qu’il est invisible. Ses certitudes sont à ce point ébranlées devant les innombrables témoignages de l’au-delà qu’il se demande si ne pas y prêter attention n’est pas l’attitude la plus absurde et irrationnelle.

On ne connaît pas bien le narrateur de Ça n’intéresse personne. A-t-il choisi de s’effacer devant ce qui le fascine, à commencer par un pays, le Mexique, un prêtre qui a bien existé mais qui paraît issu d’un livre, une apparition de la Vierge Marie qui dévoile maintenant tous ses secrets ?