Vierge de Guadalupe

12 décembre – Aujourd’hui n’est pas n’importe quel jour. Le Mexique, et avec lui une partie de l’Amérique Latine, fête  la Vierge de Guadalupe.

« La ville de Mexico est endormie. Toute la nuit, elle a veillé sa sainte protectrice. Les huit millions de pèlerins qui sont venus grossir la cité tentaculaire vont bientôt repartir. Ils seront recrachés vers leurs multiples destinations. On dit que la majorité d’entre eux ont dormi sur l’atrium de la basilique. La meilleure façon d’avoir une idée des campements bigarrés qui s’y installent est de consulter sur Internet ses foisonnantes illustrations. La place est très grande, mais comment peut-elle contenir un chiffre aussi considérable d’individus sans les empiler et les conduire mécaniquement au ciel ? Un miracle dont le Mexique a le secret ?

Ça n’intéresse personne – extrait

Ça n’intéresse personne

L’Airbus 380 d’Air France était à l’heure à l’arrivée à Mexico. J’avais choisi un hublot pourvoir l’aigle blanc s’envoler et se poser. Masse improbable, ailes déployées, il descendait serein et silencieux. Une couleur blanche emplit soudain le ciel. Nous tombâmes. La voix du commandant nous rattrapa. Aussi incroyable que cela pût paraître, nous avions croisé et manqué étreindre un autre avion. Le pilote avait le ton de la « situation bien-en-main », l’Airbus ne tanguait plus, je lui accordai derechef le label sécurité de la compagnie. Voix grave que rien n’altère, à coup sûr des cheveux gris rassurants sous une casquette bien gagnée et également galonnée. Nous étions malgré tout passés près d’un accident aérien. 517 passagers condamnés à hanter l’aéroport de Mexico. Et moi qui devais débuter une nouvelle vie précisément ce jour-là !

J’arrivai à Mexico

J’arrivai à Mexico un lundi de septembre. Mon avion survolait la ville en y déposant les éclairs de lumière d’un soleil resplendissant qui me permit d’apercevoir de nombreuses taches vertes. La descente révéla une grande quantité d’arbres à mon attention surprise. Je m’attendais à tort à une ville minérale et si polluée qu’on ne pouvait y connaître un ciel bleu. La contamination y est bien un fait, mais le beau temps est persistant. Le souvenir de cet accueil inattendu parvint à effacer celui d’un atterrissage qui me fit craindre de commencer mon séjour par son achèvement.

Ça n’intéresse personne, p. 36
 version papier ou e-book : rubrique Librairie.

Claustrophobes s’abstenir

Extrait du manuscrit du roman Ca n’intéresse personne, lu par l’auteur.

 

Pas de quartier

Mes pas m’ont mené dans le même quartier pendant quatre années. Parcourant le même tronçon matin et soir, des vies se déroulaient devant moi. Une manière particulière de connaître des gens auxquels je n’ai jamais parlé : la fille que je retrouvais dans les commerces de la rue, éphémère embauchée. Entre deux papillonnages, elle se réfugiait près de la carriole du vendeur de petits déjeuners. L’homme qui postait sa moustache et son tranquille embonpoint devant le magasin d’encadrements où les clients que j’ai aperçus se comptaient sur les doigts d’une main. Les deux vendeuses évincées de leur coin de rue et réfugiées dans l’embrasement d’une porte un peu plus loin. Le couple âgé à la guérite de friandises, que je voyais repartir à 20H, main dans la main, épaulant leur fatigue vers un domicile lointain. Ce sont les vrais habitants de la rue, ceux qui la font vivre jour après jour et qui en sont bannis le soir venu…

México DF

J’habite à Mexico depuis peu. Quelques semaines. Je ne sais pas quelles forces m’y ont poussé mais pendant le long processus de l’indétermination qui m’a conduit à cette destination, les autres options s’effaçaient comme si c’était la seule possible.