Le regard du public montrait qu’il avait confirmation de l’étonnant talent que Pierre-Alain lui avait attribué. Comme on n’aime bien que ce qui nous flatte, son estime à l’endroit de l’ex mari inélégant connut une remarquable embellie. Lorsqu’il lui tendit à sa façon péremptoire et décidée une partition noire de signes compliqués, Simon s’extraya[1] de sa soudaine bienveillance. Il eut le temps de lire La Campanella. Il avait entendu comme tout un chacun ce morceau qu’il aimait beaucoup.
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C’est parti pour la séance photo.
Il avait opté pour une chemise noire, un pantalon de la même couleur mais un peu plus clair. Il aimait les chaussures bien cirées, aussi avait-il fait briller sa meilleure paire qui n’espérait plus ressortir un jour. Pour la composition finale de son clavier vestimentaire, il endossa une veste aux boutons blancs.
Dans le manuscrit du roman Le piano, le personnage principal, Simon, se rend avec la belle Juliette au château de la Troussaye, bientôt accueilli par un hôte furieusement parisien :
Extrait lu par l’auteur
🎹🎹
Si vous souhaitez recevoir le roman Le piano par épisodes, accompagné de sa bande sonore, merci de m’écrire sur ce site et de préciser votre mail. Marc Boisson
Simon Brocas s’est métamorphosé en pianiste, un de ces dimanches matin à la gare parisienne de Montparnasse où « même les trains semblent partis à la messe ». Il achète un instrument à la « femme élégante » et l’installe chez lui :
« Le piano trônait dans sa grande chambre à coucher. Le parquet lui avait volontiers cédé une partie de sa surface par connivence osmotique et les notes qui s’en échappaient dialoguaient mélodieusement avec la fenêtre le plus souvent ouverte que caressaient les feuilles du mûrier du centre de la cour. Il décida de laisser août à la musique. »
Le piano, p. 7
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Une composition de Bach accompagne Simon Brocas tout au long du roman, le Prélude et fugue BWV 855. Il la joue pour la première fois chez lui.
« Ses doigts débutèrent lentement, ainsi que la composition le demandait, revinrent sur eux-mêmes, partirent en ligne droite, firent battre le contrepoint d’une main l’autre, dont le morceau ne se départirait plus, un rythme de fond qui lui offre son ossature et sa confiance pour exprimer sa liberté. Les notes s’accélèrent ensuite comme pour chuter mais demeurent toujours debout, vives, parfaites. Il joua encore et encore les deux minutes de cette offrande que Bach a faite à la plénitude sans présager de sa postérité. » P. 8 Le piano
Il estima qu’il ne pouvait pas garder le secret plus longtemps. Il plaça une chaise pour ses pieds, reculant ses chaussures vers le vide, les mollets accueillis par le feutre noir habitué aux postérieurs des musiciens des fauteuils d’orchestre. L’endroit idéal pour une confession musicale. Il débuta son récit en répétant qu’il ne connaissait rien à la musique, qu’il en avait été un cancre invétéré.
Marc Boisson, Le piano, manuscrit, p. 28