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🤔
– Pas de problème, jamais je ne laisserais Lima pour une autre ville.
– C’est marrant. Je n’ai jamais entendu dire que c’était une belle ville.
– Et bien, que ceux qui ne l’aiment pas la laissent à ceux qui l’apprécient.
– Qu’est-ce que tu aimes à Lima ? demanda Valentine.
– Tout, en fait.
Marc Boisson, Il est mort Jim, Ezema, 2e édition, p. 65, 66
Photo : Lucia Claro, 2018
J’étais déjà passé plusieurs fois devant le couvent Santo Domingo. En retrait de la place d’Armes, avec ses murs roses-ocres salis par la pollution, le bâtiment n’avait jamais attiré mon attention. Je préférais amener les touristes qui me rendaient visite devant le Palais présidentiel au moment du changement de la garde ou marcher un peu plus loin dans la rue Junín pour qu’ils admirent les vieux balcons coloniaux. Lorsque je franchis le porche, je fus saisi par cette odeur caractéristique des églises coloniales liméniennes : l’encens mêlé à la pierre froide.
Un des rares autocars diffusant de la musique baroque arriva à bon port à Mirecourt. La sexagénaire rayonnante, qui prétendait diriger la petite troupe comme son agence, les conduisit à l’hôtel puis en visites. Il faut préciser que cette petite ville des Vosges, inconnue du commun des mortels, est un haut lieu de fabrication d’instruments. L’alignement des violoncelles dans un atelier saisit l’œil de Simon tandis que le luthier partageait la passion de son métier. « Depuis quatre siècles, Mirecourt est le lieu de la fabrication des archets et des instruments à corde.
12 décembre – Aujourd’hui n’est pas n’importe quel jour. Le Mexique, et avec lui une partie de l’Amérique Latine, fête la Vierge de Guadalupe.
« La ville de Mexico est endormie. Toute la nuit, elle a veillé sa sainte protectrice. Les huit millions de pèlerins qui sont venus grossir la cité tentaculaire vont bientôt repartir. Ils seront recrachés vers leurs multiples destinations. On dit que la majorité d’entre eux ont dormi sur l’atrium de la basilique. La meilleure façon d’avoir une idée des campements bigarrés qui s’y installent est de consulter sur Internet ses foisonnantes illustrations. La place est très grande, mais comment peut-elle contenir un chiffre aussi considérable d’individus sans les empiler et les conduire mécaniquement au ciel ? Un miracle dont le Mexique a le secret ?
Cela m’amusait qu’Eduardo Pastor habite dans une rue au nom militaire. Ce fut d’ailleurs la première chose que je lui dis. Je savais que je devais faire attention avec l’humour républicain français et que les Sud-Américains goutaient peu l’ironie à l’endroit de l’armée ou du clergé. Mais il ne fallait pas non plus aller complètement contre sa nature. Je demandai donc à Eduardo, en guise de salut, s’il avait acheté sa maison en fonction du nom de la rue. Il ne releva pas ou plutôt ne comprit pas l’association avec son ancien métier. Il était tout occupé à sa jovialité hospitalière et à présenter son cher Pérou.
Une histoire vraie
Les deux phénomènes les plus étranges que j’ai vécus avec ce livre concernent son titre et sa fin, plus très lointaine désormais. Au fur et à mesure que j’en écrivais les cent premières pages, la réflexion sur son titre m’accompagnait. Je l’avais constamment à l’esprit mais ne me forçais pas à une conclusion rapide, tant il est difficile de qualifier un récit avant de savoir ce qu’il sera vraiment. Je tournais autour du prénom de mon protagoniste avec « Jim n’y résistera pas » ou même « La mort de Jim ». Mon ordinateur m’apporta la réponse. Je travaillais en toute tranquillité, sans doute à la rédaction du livre, lorsque mon écran s’éteignit, devint bleuté. Aucun signe ne m’avait préparé à cette panne. Je ne m’en étonnai pas complètement toutefois car l’outil informatique est coutumier de dysfonctionnements qui échappent aux prévisions et compétences de la plupart d’entre nous. Quelle ne fut pas ma surprise de voir s’afficher au milieu de mon écran : « Il est mort, Jim ».